Fuyant la dictature argentine des années 1970, deux artistes exilés en Europe décident d’unir leurs forces. Le peintre Alberto Cedrón demande à l’écrivain Julio Cortázar de mettre des mots sur ses dessins. Au fil de leurs échanges, entre 1977 et 1978, va naître cette bande dessinée atypique.
On y suit, au travers du dialogue entre 2 personnages, la tragédie du peuple argentin. L’ombú – un arbre hautement symbolique pour les argentins – est l’œil du cyclone autour duquel tourne ce récit. L’ombú est une métaphore du pays, depuis ses racines – hantés par les démons de son histoire – jusqu’à sa cime d’où l’on aperçoit la ligne d’horizon d’un avenir meilleur.
Cedrón est avant tout un plasticien, Cortázar un romancier, d’où le coté hors-norme de cette Bande dessinée. Poème graphique, La racine de l’ombú, nous plonge dans la nuit vécue par toute une génération d’argentins. L’aube pointe néanmoins à la fin du livre :
« Cette histoire n’est qu’un petit bout de l’histoire argentine. Le reste est entre les mains du peuple. »
Julio Cortázar, Alberto Cedrón, La racine de l’ombú, Collectif des métiers de l’édition, Toulouse, 2013, 92 pages, 20 euros.